Pierre Garzon recourt à la mobilisation patronale

Tous les habitants de Villejuif ont été destinataires d’une « lettre » du maire, Pierre Garzon. La « lettre » affiche l’emblème officiel de la ville et Pierre Garzon signe de son titre de maire.

Qu’un maire s’adresse à ses administrés, quoi de plus banal et nécessaire ? Mais la lecture du document révèle une démarche qui ne l’est pas, banale.

Pierre Garzon y développe un rapide argumentaire contre la réforme des retraites ; argumentaire suivi d’un appel à la mobilisation et plus directement à la participation à la grève et manifestation du jeudi 19 janvier.

Le texte est signé du seul maire et une partie de ce texte s’énonce très clairement à la première personne : « En tant que Maire (sic), j’estime qu’il est de ma responsabilité de vous alerter contre les dangers de cette réforme injuste et brutale dont une majorité de français refusent (resic) d’ailleurs les orientations. »

Toutefois, une autre partie du texte laisse entendre qu’il a été co-écrit par tous les élus de la majorité municipale : « Voici les raisons pour lesquelles l’ensemble de la majorité municipale s’oppose fermement à cette réforme profondément injuste et appelle les Villejuifois.es à rejoindre toutes les initiatives qui visent à la mettre en échec. »

Les villejuifois peuvent aisément donc comprendre que cette « Lettre du maire » n’est rien d’autre qu’un tract politique sur lequel la signature de Pierre Garzon vaut délégation de la majorité municipale. Cela signifie alors que ce qui est écrit par le maire Pierre Garzon exprime une réflexion et une décision communes aux quatre composantes de la majorité : les communistes bien sûr, mais aussi Génération.s (groupe dirigé par Sophie Taillé-Polian), Europe Ecologie Les Verts (EELV, groupe dirigé par Natalie Gandais) et le Parti Socialiste (groupe dirigé par Alain Weber).

Or cette lettre – dont il conviendra de se demander si sa conception et sa distribution devraient être financées par les administrés de Villejuif, et pour quel montant – présente à l’évidence un point délicat.

Pierre Garzon termine son tract, ici à la première personne, par cet appel : « Je vous invite à nous retrouver tous ensemble, élu.e.s, agent.e.s du service public et habitant.e.s pour rejoindre la manifestation prévues à Paris ».

Or cet appel, conçu et signé par et pour Pierre Garzon, n’a rien d’évident.

Rappelons en effet que le maire de Villejuif est aussi un employeur ; il emploie des agents du service public municipal. A ce titre, le tract de Pierre Garzon expose une situation assez singulière où un employeur appelle très explicitement ses propres employés à participer à une manifestation et à faire grève. Dans le milieu syndical, le fait qu’un employeur mobilise ses propres employés pour participer à une manifestation d’ordre politique porte un nom : le paternalisme. Un système qui, sous couvert de protection, assure un contrôle du comportement des employés.

Précisons : il ne s’agit absolument pas ici de mettre en doute la légitimité des mobilisations qui se préparent contre une réforme des retraites qui s’annonce injuste.

Ce qui pose en revanche clairement problème c’est bien l’utilisation des fonds publics – le financement du tract comme la mise à disposition de trois cars annoncée aujourd’hui pour la manifestation de jeudi 19 janvier – et l’usage des agents publics pour des activités qui, pour légitimes qu’elles soient, restent à l’évidence des activités purement politiques.

Dès lors, la question de savoir qui a véritablement écrit et décidé ce tract n’a rien de secondaire. User de fonds publics, engager des agents municipaux à des fins purement politiques est-ce une pratique partagée et assumée par « l’ensemble de la majorité municipale » ? Seules les différentes composantes de la majorité peuvent répondre.

Notons simplement qu’à ce jour, aucun de leur site ou réseaux social n’a relayé cette « Lettre du maire »…

Restons vigilants

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