Depuis son élection comme maire de Villejuif, Pierre Garzon n’a cessé de manifester avec beaucoup d’enthousiasme sa sympathie pour la « communauté musulmane ». Il n’a jamais loupé l’occasion d’un début de ramadan ou de l’Aïd pour saluer chaleureusement les citoyens musulmans de la ville.
Il n’est évidemment pas interdit à un maire de saluer un groupe ou un autre de la population locale. En soi, les messages adressés aux musulmans villejuifois ne posent pas de problème. En revanche, ce qui doit être souligné et regretté, et ce qui finalement pose problème c’est l’exclusivisme de l’expression de Pierre Garzon.
La tradition républicaine en l’occurrence n’offre en effet que deux possibilités. Soit on ignore les questions religieuses et les communautés religieuses, toutes ensembles. Soit on s’adresse ponctuellement à ces mêmes « communautés religieuses », toutes ensembles.
Or Pierre Garzon sort de ce cadre pourtant simple et bien établi pour s’aventurer vers des eaux que l’on sait plus troubles.
Car Pierre Garzon a choisi. Seule la « communauté musulmane » est en effet l’objet de ses attentions et de ses messages appuyés de sympathie. A preuve : Pour les fêtes de Noël – qui correspondent à la célébration de la Nativité du Christ et constitue une fête essentielle pour les chrétiens – Pierre Garzon n’a eu aucun mot en direction de ces croyants. Un silence qui prend la forme de l’oubli volontaire et qui suit le même silence de sa part, le même oubli volontaire à l’occasion d’autres fêtes chrétiennes (comme Pâques ou l’Assomption). Comme pour d’autres religions d’ailleurs.
Insistons sur un point. Il ne s’agit absolument pas ici de reprocher à un élu de la République – fut-il cynique – de ne pas saluer une religion ou une communauté de croyants. Il ne s’agit pas de reprocher à un élu – fut-il méprisant – de ne pas considérer une religion. Il n’y a en la matière aucune obligation.
Aucune obligation, certes. Mais des usages, des pratiques et des traditions républicaines.
Et en l’occurrence la tradition républicaine tient en un principe simple : si un élu choisit de s’adresser aux religions ou communautés de croyants, c’est toujours au pluriel qu’il doit le faire.
Et pour rajouter à ce triste et inquiétant constat, il semble de plus en plus évident que la tentation communautariste de Pierre Garzon peut s’exprimer d’autant plus ouvertement et cyniquement que les autres « composantes » de la majorité sont devenues parfaitement muettes et soumises depuis le 29 juin 2022.
Restons vigilants