Dans le bulletin municipal Villejuif Notre Ville de décembre 2020, on a pu lire une tribune apparemment anodine mais intéressante signée par le groupe communiste de Villejuif. Intéressante parce que significative. Ils y célèbrent l’histoire de Villejuif, une histoire qui ne peut et ne doit être associée qu’à un seul parti, le parti communiste. Une histoire qui finalement ne veut être que le résultat de leur action et qui ne peut donc être que « leur » histoire.
Tout cela est écrit dans un style faussement naïf qui se veut accessible :
« Il y a 100 ans, Villejuif est une bourgade encore rurale de moins de 10 000 âmes qui connait une poussée démographique telle qu’elle oblige citoyens et élus à s’interroger sur la capacité de leur ville à répondre à leurs besoins en matière de logement, d’éducation, d’emploi, de loisirs… L’élection de maires visionnaires et attachés à la mobilisation citoyenne permet alors de réussir le tour de force : 25 000 habitants en 1930, 30 000 en 1955, 55 000 en 2010. Nos quartiers, leurs équipements publics et leurs habitants gardent le souvenir et la fierté de cette incroyable aventure collective. »
Villejuif Notre Ville n°256 de décembre 2020, p.32
C’est donc une « incroyable aventure collective » qu’auraient vécu les habitants de Villejuif grâce à l’action d’élus communistes « visionnaires »…
L’histoire glorieuse de ce village, ainsi peuplé d’irréductibles villejuifois, supporte-t-elle la comparaison avec d’autres cités ?
Antony comptait 3500 habitants en 1906, 18 000 en 1930, 24 000 en 1954, 60 000 en 2000. Maisons-Alfort, avec une mairie qui n’est plus communiste depuis 1947, comptait 10 000 habitants en 1900, 35 000 en 1936 et 55 000 en 1975. Chatenay-Malabry, avec une histoire politique plus proche de la nôtre, comptait 1 700 habitants en 1900, 2 500 en 1920, 10 000 en 1950 et 30 000 depuis 1990. Sceaux comptait 5 000 habitants en 1910, 10 000 en 1950 et 20 000 aujourd’hui. Et si l’on osait, on pourrait indiquer que Neuilly-sur-seine comptait 20 000 habitants en 1876, 32 000 en 1896, 50 000 en 1920, et 60 000 aujourd’hui.
On pourrait poursuivre à l’envi.
Qu’est-ce à dire ?
A minima cette rapide comparaison, nous permet de comprendre que non, ce n’est pas le parti communiste de Villejuif qui a inventé la transition démographique, le baby-boom, la densification de la région parisienne ou les Trente glorieuses.
Il est donc temps et il serait sage de reconnaître que « cette incroyable aventure collective » l’a été tellement, collective, que bien des villes en région parisienne, quelle que soit leur histoire politique, l’ont connue. De façon générale, le Val-de-Marne tout entier comptait 380 000 habitants en 1910, 450 000 en 1920, 900 000 en 1960 et compte aujourd’hui 1,4 million d’habitants.
On retiendra pour notre part un premier enseignement : pour faire du « collectif », il est souvent préférable d’avoir les idées larges plutôt que l’esprit de clocher ou de chapelle. Mais la question est désormais la suivante : pourquoi le parti communiste de Villejuif s’adresse à nous comme si nous étions des imbéciles ou des ignorants ?
La réponse est probablement assez simple : pour faire passer le message. Un message simple et unique : la politique locale doit renouer désormais avec le communisme municipal défini dans les années 1940 et 1950. La grande « nouvelle » à Villejuif, depuis l’élection de 2020, c’est qu’avec le retour des communistes à la mairie, c’est le retour des principes du communisme municipal, définis il y a plus de soixante ans. Et quoi de plus logique pour célébrer ces uniques sources d’inspiration que de célébrer « 100 ans » d’histoire communiste à Villejuif.
Et derrière ces références, à peine avouées, s’exprime une nouvelle fois le désir de rendre parfaitement monocolore l’ « union » politique qui a remis les communistes au pouvoir municipal.
Restons Vigilants