Les grands aveuglements de Pierre Garzon

Les grands aveuglements de Pierre Garzon

Pierre Garzon, maire de Villejuif, se rêve depuis longtemps un destin national. Il se rappelle alors que de temps à autre il lui faut faire la démonstration de belles hauteurs de vue, de quelques considérations générales sur le pays et même sur le monde.

Cela se transforme le plus souvent en quelques moments un peu pénibles, durant lesquels en toute ignorance mais sans honte Pierre Garzon avance d’étranges lectures des événements et enfile autant d’approximations et d’appels à la paix que d’autres enfilent des perles.

En 2022, le début de la guerre en Ukraine lui avait donner l’occasion d’au moins deux interventions publiques où il n’avait pas manqué de faire tout simplement disparaitre la Russie de son discours ; il réussissait alors l’exploit de présenter l’Ukraine non comme un pays victime de l’impérialisme de Poutine mais comme victime de l’OTAN et des « provocations des Etats-Unis ».

En novembre 2020, déjà, il avait réussi un autre exploit : celui de déplorer l’assassinat de Samuel Paty sans être capable à aucun moment de nommer – et encore moins de dénoncer – ce qui avait réellement tué ce professeur ; en l’occurrence l’obscurantisme et le fanatisme d’intégristes islamistes.

Dernièrement, sur son compte Facebook, Pierre Garzon a encore pu démontrer une sagacité à toute épreuve.
Le 10 octobre 2024, il publie un long article – illustré de clichés où il ne manque jamais d’apparaître – à propos de l’accueil d’une famille gazaouie à Villejuif. A cette occasion l’ambassadrice de Palestine est venue se féliciter de cette initiative. Initiative sur laquelle il n’y a évidemment pas grand-chose à redire tant la situation dans la bande de Gaza est dramatique.

Ce qui est plus regrettable c’est que Pierre Garzon ne peut s’empêcher de commenter une situation régionale qu’il pourrait pourtant savoir complexe mais qu’il espère pouvoir appréhender à travers trois formules dont la simplicité doivent signaler la perspicacité de leur auteur.
Seulement… Seulement voilà…
Rappelant donc sur Facebook son « engagement pour la paix » il évoque une autre ambition qui semble lui tenir à cœur : « Nous tenons également à sensibiliser sans relâche sur les causes fondamentales de ce conflit, qui n’a rien de religieux, mais s’inscrit dans une lutte pour la liberté et contre le colonialisme. »

On a bien lu : « ce conflit qui n’a rien de religieux ». Voilà qui peut étonner et finalement donner quelque inquiétude.

Aussi bien en Palestine qu’en Israël il existe depuis fort longtemps des hommes et des femmes qui essaient de débarrasser la vie politique et diplomatique de la région de toute considération religieuse trop marquée.
D’un côté, l’Autorité Palestinienne et singulièrement le Fatah, organisation laïque, sont en conflit depuis fort longtemps avec le Hamas qui précisément stimule la haine des Juifs par des considérations religieuses.
D’un autre côté, la gauche Israélienne et une partie du centre droit alertent depuis longtemps contre la dangerosité de l’extrême droite religieuse avec laquelle Netanyahou a finalement décidé de s’associer.

C’est précisément cette question religieuse qui est devenue essentielle pour comprendre le conflit actuel. Dans un entretien au journal Le Monde du 20 octobre 2024, Charles Enderlin insiste sur une erreur des dirigeants israéliens : « Pour les dirigeants israéliens, le conflit avec les Palestiniens ne pouvait être que territorial, le fait religieux et la théologie, fût-elle fondamentaliste, ne les intéressaient pas. »
Ce qu’il nomme le « Grand aveuglement » concerne précisément l’ignorance volontaire ou non de cette dimension du conflit. De même, il est difficile de comprendre les déterminations du gouvernement Netanyahou sans l’influence des extrémistes religieux juifs qui s’y expriment fortement.
Il semble donc difficile de comprendre la situation actuelle en Israël et en Palestine si, comme nous le propose si bizarrement Pierre Garzon, nous ignorons volontairement les questions religieuses aujourd’hui tant mobilisées. Pour sa part, Charles Enderlin va jusqu’à affirmer : « Les fondamentalismes, juif et musulman, semblent espérer, chacun de leur côté, que le bain de sang provoqué par leur opposition amènera la fin des temps ».

Certes il y a de la part de Pierre Garzon quelque légèreté à aborder tous ces sujets si complexes par des sentences si simplistes et des vues si partielles. Mais il y a pire ; c’est quand il croit qu’il peut œuvrer à la paix en recourant à l’ignorance.

Restons Vigilants.

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