Pour les villejuifois qui ne connaissaient pas Christian Favier, il était possible de le découvrir à l’occasion de l’élection de Pierre Garzon à la mairie de Villejuif en 2020. Ce dernier en effet n’a cessé pendant des mois d’émailler ses discours et prises de parole officielles de nombreux témoignages de reconnaissance et d’amitié envers son « ami » Christian Favier, alors président du Conseil général du Val de Marne.
Les deux hommes se connaissent très bien. En plus d’une longue amitié c’est une longue collaboration au sein du Conseil général qui les unit.
En mai 2021, juste avant les élections départementales de juin 2021, c’est ensemble qu’ils ont « arrangé » les statuts de la SADEV pour que celle-ci puisse rester aux mains du groupe communiste malgré une défaite électorale annoncée. Grâce à ces petits arrangements de dernière minute, Pierre Garzon a pu retrouver la présidence de la SADEV 94 en octobre 2011 (cf notre article) malgré une présidence du département désormais à droite…
Toutefois cette complicité et cette amitié ne s’exprimaient plus depuis quelques mois. Il faut dire que celui que l’on présente souvent comme le « mentor » de Pierre Garzon était en mauvaise passe.
A la suite d’un rapport de la Chambre régionale des comptes de 2016, une procédure pénale avait en effet été engagée. Christian Favier, président du Conseil général, a été poursuivi pour « détournement d’emplois publics administratifs ». Pratiquement, il avait mobilisé 29 agents, 29 emplois administratifs, pour un service intitulé « questure ». Or il a été établi durant le procès qui s’est tenu en janvier 2023 que ces emplois, plutôt que d’être « créés exclusivement pour l’exercice par le département de ses compétences, dans l’intérêt général, notamment de ses missions de service public » étaient en réalité mis à la disposition de l’autorité politique, en l’occurrence au bénéfice quasi exclusif du président Favier et de sa majorité.
Selon le tribunal correctionnel de Paris, qui a rendu son verdict le 29 mars 2023, Christian Favier s’est ainsi rendu coupable d’un « double préjudice ».
D’une part, pour les finances du département puisque ces 29 emplois représentent un budget de près de 10 millions d’euros.
D’autre part, pour la vie politique locale puisque cette utilisation illégale d’emplois administratifs a faussé « partiellement le fonctionnement du système démocratique local (…) puisqu’il y a eu des moyens supplémentaires donnés à la majorité en place ».
En conséquence, le tribunal a condamné Christian Favier à une peine de 10 000 euros d’amende et de 8000 euros pour son ancien directeur de cabinet, Frédéric Houx. L’emprisonnement avec sursis et la peine d’inéligibilité requis par le procureur n’ont pas été retenus manifestement compte-tenu de l’âge du président Favier, de son abandon de la vie politique et d’une toute relative reconnaissance de l’utilité de ses emplois.
L’ancien vice-président du Conseil général Pierre Garzon ne pouvait évidemment ignorer ces faits.
Or avec cette toute récente condamnation, on ne peut que se remémorer un épisode particulièrement pénible où Pierre Garzon, nouveau maire de Villejuif, a réagi avec une rare virulence aux questions et aux demandes parfaitement légitimes d’un élu de la majorité, Alain Weber. En mars 2021, l’adjoint socialiste à l’Habitat et au logement avait en effet osé réclamer un peu plus de transparence dans l’attribution des logements sociaux et dans le recrutement d’agents municipaux.
Cette simple exigence avait valu à l’élu de recevoir rien de moins qu’une lettre de menace en mettant clairement et explicitement en jeu sa délégation (cf notre article).
Bref, on l’aura compris, pour notre part nous espérons sincèrement qu’il ne viendra pas à l’idée de Pierre Garzon d’appliquer plus longuement tous les enseignements de son mentor.
Restons vigilants.