Le fait est suffisamment rare pour être souligné : un maire se félicite de la perte de valeur éventuelle du patrimoine de ses administrés !
Cela se passe à Villejuif.
Dans le journal de la ville, Villejuif Notre Ville d’avril 2025, Pierre Garzon ne s’est pas contenté d’annoncer une baisse du prix de l’immobilier dans « sa » ville ; il a pris le soin, avec satisfaction, d’en expliquer l’origine et le sens véritable :
« Notre ville connaît une transformation profonde… Et pourtant, alors que les prix de l’immobilier ont explosé dans de nombreuses communes de la petite couronne, Villejuif fait exception : depuis 2021 les prix ont baissé de 10%. »
Et d’ajouter avec enthousiasme et fierté :
« Ce n’est pas un hasard. C’est le résultat d’un choix politique clair, assumé, au service de l’intérêt général. »
Que la question de l’accès au logement soit une question décisive en région parisienne, c’est une évidence. Que Pierre Garzon feigne de ne pas comprendre les déterminants multiples des prix de l’immobilier est une autre évidence.
Mais l’essentiel pour notre sujet n’est pas là.
Ce qui doit être retenu, ce qui doit être retenu comme un avertissement, c’est que le maire considère que cette baisse du prix des biens immobiliers à Villejuif – doit être considéré comme le résultat direct et délibéré de sa propre politique.
Mieux, en affirmant que l’intérêt général dépend en la matière d’une baisse des prix immobiliers il distingue et oppose clairement les habitants dignes de considération aux autres, sensés n’être motivés que par leur intérêt égoïste. Il écrit en effet : « C’est là tout l’enjeu : faire en sorte que le développement de la ville ne se fasse pas contre ses habitants, mais pour eux, avec eux. »
La phrase est stupéfiante puisqu’elle revient à opposer les bons sujets des mauvais sujets ; elle revient à opposer les bons et vrais habitants, les seuls dignes de considération aux mauvais habitants toujours soupçonnés parce que propriétaire de leur logement et contre qui la politique de la ville doit se faire.
La phrase est moins surprenante si l’on se rappelle qu’avec le cumul de ses mandats Pierre Garzon dispose de revenus plus que confortables – environ 9 000 euros mensuels exonérés d’impôt, ce qui le place parmi le 1% des salariés les mieux rémunérés – et qu’à ce jour il n’a toujours pas investi un euro de sa fortune personnelle dans la ville.
Au moins, en la matière on accordera à ce maire d’avoir sa cohérence. Faire baisser les valeurs immobilières dans sa ville et, en même temps, s’assurer quelques placements ailleurs…
Restons vigilants.